Nos lecteurs réguliers peuvent se rappeler de nos articles précédents concernant la prévalence future de plusieurs maladies. En effet, dans une première partie nous avons évoqué l’évolution des maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardiaques, le VIH, le paludisme et les hépatites. Dans une deuxième partie, notre propos s'était plutôt concentré sur les allergies, l’asthme, l’arthrite, le psoriasis et l’ostéoporose.
Dans cette troisième partie, nous souhaitons évaluer le futur de maladies liées au grand âge: la démence et la déficience visuelle.
Comme pour nos deux précédents articles, nous prendrons en compte les données récentes et essayeront d’analyser les facteurs expliquant une hausse et baisse de la prévalence et la manière dont les experts pensent que les traitements médicaux évolueront dans les prochaines années.
Est-ce que la démence sera fréquente en 2050 ?
Contrairement à d’autres pays européens, les décès causés par la démence/ Alzheimer en France ne dépassent pas le nombre de décès causés par une maladie coronarienne. Mais le taux de la population souffrant de démence, et en mourant, est en augmentation depuis plusieurs années.
Pourquoi de plus en plus de personnes décèdent de la démence ? Selon l’Institut de Veille Sanitaire, ce constat s’explique par le fait qu’une plus grande attention est prise pour déterminer les causes de décès (et par conséquent, conduisant à une augmentation du taux de décès causés par la démence), mais aussi par le fait que les méthodes de détection se sont améliorées. Enfin, le fait que la population vit plus longtemps augmente les cas de démence dans la société.
Par conséquent, si la population continue à vieillir d’ici les prochaines années, on estime que la démence sera une maladie de plus en plus fréquente pendant les 35 prochaines années.
A l’heure actuelle, 850 000 personnes souffriraient de la maladie d’Alzheimer en France. On estime que ce nombre grimpera à 1 275 000 en 2020 et à 2 150 000 en 2040.
A l’échelle mondiale, 48,8 millions de personnes souffriraient actuellement de démence. Les études sur le sujet considèrent que 115,4 millions de personnes seront concernées en 2050.
Les associations caritatives mettent l’accent sur l’importance de financer la recherche afin de trouver un traitement de la maladie. Elles estiment que retarder le développement de la démence pendant 5 ans permettrait de réduire le nombre de décès par deux.
Actuellement, la recherche se concentre sur les changements qui interviennent dans le cerveau et qui expliqueraient la progression de la maladie d’Alzheimer. Le but serait ainsi de développer des traitements pour arrêter cette modification et ralentir le processus de la maladie.
Parmi les pistes de traitements médicaux, on évoque les inhibiteurs agressifs de la bêta amyloïde. Ce type de traitements pourrait aider à prévenir la formation de plaques dans le cerveau et les substances qui ciblent l’inflammation du cerveau (et qui peuvent contribuer à la maladie).
Est-ce que la déficience visuelle sera fréquente en 2050 ?
On estime à 1,7 million le nombre de personnes qui sont concernées par un trouble de la vision. 207 000 sont aveugles et 932 000 sont des malvoyants moyens.
Encore une fois, le vieillissement de la population est la cause qui permet principalement d'expliquer une augmentation exponentielle des cas de déficience visuelle en 2050. Néanmoins, cet accroissement s’expliquerait aussi en partie par les cas d’obésité et de diabète, dont les troubles visuels sont un effet secondaire.
Selon l’OMS, le nombre de déficients visuels en 2050 devrait être deux fois plus important.
On estime que la dégénérescence maculaire liée à l'âge sera la maladie la plus fréquente et devrait concerner près d’un million de personnes en 2050.
Le pourcentage de cécités causées par un glaucome ou une rétinopathie diabétique devrait quant à lui diminuer mais le nombre de cas augmentera en terme absolu: de 98 000 cas en 2010 à 200 000 en 2050 pour le glaucome; et de 64 000 en 2010 à 93 000 en 2050 pour la rétinopathie diabétique.
Une projection récente réalisée par l’Institut Roski Eye aux Etats-Unis estime que le nombre d’américains malvoyants ou aveugles devrait doubler entre 2015 et 2050.
En terme de chiffre, cela signifie que le nombre de personnes aveugles passerait d’un à deux millions et que 6,95 millions de patients seront malvoyants en 2050. Encore une fois, l’augmentation du pourcentage de la population âgée est l’un des facteurs principal à cette évolution.
Au niveau mondial, l’OMS comptabilisait en 2014 285 millions de personnes vivant avec un trouble visuel. Sur ce total, 39 millions étaient aveugles.
Si on applique les statistiques européennes aux projections pour le reste du monde, le nombre de malvoyants devraient théoriquement doubler et atteindre 570 millions de personnes. On devrait comptabiliser 78 millions d’aveugles dans le monde.
Renforcer la prévention des lésions oculaires, interpeller sur l’importance des tests médicaux oculaires et améliorer l'accès aux traitements pour ceux qui ont une faible vision, sont autant de stratégies évoquées pour tenter de combattre cette augmentation.
La recherche scientifique se concentre sur de nouveaux types de traitements pour la déficience visuelle. Par exemple, la régénération tissulaire cellulaire est l’une des pistes actuellement explorée. Les prothèses rétiniennes sont une autre option sur laquelle travaillent les chercheurs. Elles pourraient changer la vie des personnes ayant perdu la vue.