À jour du 16/04/2020
Pour enrayer l’épidémie mondiale, la recherche d'un traitement pour COVID-19 se poursuit. De nombreux essais pharmaceutiques sont actuellement réalisés dans le monde pour trouver un traitement efficace contre le coronavirus.
Avec la contribution du Dr Daniel Atkinson, responsable clinique de Vivami.co, nous avons décidé de nous penchez sur les médicaments à l’oeuvre d’essai, mais également de dissiper de mythes autour d’un traitement potentiel du COVID-19.
Pour être clair, à l’heure actuelle, il n'existe pas de traitement contre les coronavirus. Si vous craignez d'avoir contracté le COVID-19, assurez-vous de suivre les conseils préconisés par le gouvernement. Il est inutile d’essayer de vous procurer l'un des traitements ci-dessous, car les tests de sécurité et d'efficacité n'ont pas encore été effectués.
Les essais cliniques COVID-19
Chloroquine et hydroxychloroquine
Bien que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ait déclaré qu'il n'y a aucune preuve concluante que la chloroquine, et un dérivé, l'hydroxychloroquine, fonctionnent, ces médicaments ont reçu une exposition médiatique considérable.
La chloroquine est normalement utilisée pour lutter contre les symptômes du paludisme tels que la fièvre et l'inflammation, et on espère qu'elle pourra aider à combattre le virus qui est à l'origine du COVID-19.
En France, suite au décret relatif aux mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-19 proclamé le 25 mars 2020, les médecins spécialistes sont autorisés à prescrire de la chloroquine et de l'hydroxychloroquine pour les patients atteints de coronavirus, malgré la mise en garde du pays contre les effets secondaires du traitement.
Au États-Unis, le Président Donald Trump a souvent parlé des avantages potentiels de la chloroquine lors de réunions d'information à la Maison Blanche, mais les essais en cours sur ce médicament n'ont pas encore produit suffisamment de preuves pour avérer son efficacité contre le coronavirus. Il comporte également des risques d'effets secondaires graves, tels que des lésions rénales et hépatiques, voire des pathologies cardiaques.
Plus de 20 essais sont actuellement en cours dans des pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis, l'Espagne et la Chine. La Food and Drugs Administration (FDA), agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux, a autorisé l'utilisation en urgence de la chloroquine et de l'hydroxychloroquine, ainsi que de l'azithromycine (un antibiotique) pour un certain nombre de patients hospitalisés. Bien qu’elle ne reconnaisse pas l'efficacité de ces antipaludéens, cette autorisation implique que dans certains cas, les hôpitaux peuvent utiliser ce traitement à partir des stocks gouvernementaux pour traiter le COVID-19.
Harsh Vardhan, le ministre indien de la Santé, a également indiqué que l'hydroxychloroquine pouvait être utilisée à titre préventif par les professionnels de santé, ainsi que par tous les ménages qui ont été en contact avec COVID-19, à condition de prescription médicale. L'organisme de recherche du gouvernement a toutefois mis en garde contre l'administration sans restriction de ce médicament, et a déclaré qu'il ne devait être utilisé qu'en cas d'urgence.
Lopinavir-Ritonavir
Dans le cadre de l'essai RECOVERY (Randomised Evaluation of COVid-19 thERapY), la combinaison d'antiviraux lopinavir-ritonavir, qui sont généralement utilisés pour traiter le VIH, est actuellement être explorée comme traitement potentiel contre le coronavirus.
Ce traitement empêche les rétrovirus, tels que le VIH et le SRAS-CoV-2, de se reproduire dans les cellules de l'organisme. Le recrutement pour l'essai est actuellement en cours.
Cependant, au même titre que la chloroquine et de l'hydroxychloroquine, la France autorise depuis le 25 mars 2020 sur décret l’utilisation de l’antiviral lopinavir-ritonavir en traitement du coronavirus, dans certains cas et sur prescription médicale d’un spécialiste.
Remdesivir
Le remdesivir est un médicament antiviral non homologué fabriqué par Gilead, et a été fortement impliqué dans la recherche pour trouver une thérapie efficace contre les coronavirus. Il est actuellement testé en Chine, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Les premiers résultats devraient être disponibles dans les semaines à venir.
Ce médicament, considéré comme un traitement possible contre le virus Ebola, est conçu pour perturber la reproduction d'un virus dans l'organisme et d’empêcher sa multiplication. Il a déjà montré une certaine efficacité contre le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), des virus de structure similaire au SARS-CoV-2 à l’origine du COVID-19.
Depuis le 24 mars 2020, l’essai clinique européen Discovery, est en cours pour évaluer quatre traitements expérimentaux contre le Covid-19, incluant le remdesivir, le lopinavir / ritonavir et l’hydroxy-chloroquine. Il est coordonné par l’Inserm dans le cadre du consortium Reacting, et inclura environ 800 patients français atteint de formes sévères du coronavirus.
Calquence
La société pharmaceutique britannique AstraZeneca est sur le point de tester un médicament appelé Calquence, utilisé dans le traitement de certains cancers du sang. Ce traitement est actuellement autorisé chez les adultes atteints de leucémie lymphocytaire chronique aux États-Unis et dans plusieurs autres pays.
Dans cet essai, c'est la capacité potentielle du médicament à s'attaquer à la réponse immunitaire sévère déclenchée par le coronavirus chez les patients gravement malades qui sera testée. Les premières indications cliniques ont suggéré que la restriction de l'inflammation provoquée par la réponse immunitaire pourrait réduire l'impact du virus sur le système respiratoire. L'essai devrait débuter dans les prochains jours aux États-Unis et dans plusieurs pays d'Europe.
Prophylaxie pré-exposition COVID (essai C-PrEP)
Compte tenu du succès de la prophylaxie pré-exposition (PrEP), qui a permis de réduire considérablement les taux d'incidence du VIH, le King's College London a financé un essai contrôlé randomisé utilisant une stratégie similaire. Le médicament est sûr à l'usage et a montré une activité contre COVID-19 dans des études de laboratoire.
Ibuprofène liquide
Bien que les effets de l'ibuprofène dans le traitement du coronavirus soient peu connus, certaines recherches ont indiqué qu'une formulation particulière d'ibuprofène, délivrée au bon moment, peut entraîner une réduction des complications graves dues au virus.
Les mythes entourant COVID-19
Le COVID-19 étant une pathologie récente, elle fait l'objet d'une énorme couverture médiatique dans les médias grand public et les réseaux sociaux. Malheureusement, elle a donné lieu à la diffusion de certaines informations erronées sur le virus. C’est pourquoi sur Vivami.co, nous fait le choix d’aborder certains de ces mythes populaires autour du coronavirus.
COVID-19 et alcool
Consommer de l’alcool me protégera du COVID-19.
La consommation d'alcool ne vous empêche pas de contracter le coronavirus (2019-nCoV). Au contraire, une consommation fréquente ou excessive d'alcool peut vous exposer à un risque accru de développer des pathologies annexes au COVID-19 (ex: hépatites, cancers…).
COVID-19 et bain chaud
Prendre un bain chaud m'évitera de contracter le coronavirus.
Les bains chauds ne vous protègent pas contre le coronavirus. Quelle que soit la température de votre bain ou de votre douche, la température de votre corps se maintient à environ 36,5-37 °C.
Un bain extrêmement chaud est en fait dangereux, car il peut brûler votre peau.
“Le meilleur moyen de se prémunir contre le COVID-19 est de se laver les mains fréquemment. Cela permet d'éradiquer tout virus qui pourrait se trouver sur vos mains et ainsi d'empêcher leur propagation ou toute infection lorsque vous vous touchez par exemple les yeux, la bouche ou le nez", déclare le Dr Atkinson.
COVID-19 et exposition au soleil
S'exposer au soleil ou à des températures supérieures à 25°C m'empêchera de développer un coronavirus.
Quel que soit le degré d'ensoleillement ou de chaleur, vous pouvez contracter le COVID-19. Des cas de ce coronavirus ont d’ailleurs été signalés dans des pays chauds.
COVID-19 et lavement nasal
Se rincer régulièrement le nez avec une solution saline permet de se protéger contre l'infection au COVID-19.
Rien ne prouve que le fait de se rincer régulièrement le nez avec une solution saline offre une protection contre le coronavirus.
“Si quelques preuves sur l’efficacité du lavage nasal à l’eau salée pour vaincre plus rapidement un rhume existent, rien ne prouve qu’il en est de même pour les infections pulmonaires", explique le Dr Atkinson.
COVID-19 et consommation d’ail
Manger de l'ail m'empêchera de contracter le coronavirus.
Bien que l'ail puisse avoir certains avantages antimicrobiens, rien ne prouve que sa consommation protège contre le coronavirus.
COVID-19 et antibiotique
Les antibiotiques m'empêcheront de contracter le COVID-19 et peuvent être utilisés pour traiter le virus.
Le 2019-nCoV étant un virus, les antibiotiques ne sont pas efficaces et ne doivent donc pas être utilisés à titre préventif ou curatif.
“Les antibiotiques ne sont efficaces que pour traiter des maladies bactériennes”, indique le Dr Atkinson.
“La seule exception à la prise d’un antibiotique serait si vous présentez une co-infection bactérienne dans le cadre d’une hospitalisation pour COVID-19" ajoute-t-il.
COVID-19 et vaccin
Les vaccins contre la pneumonie m’offriront une protection contre le coronavirus.
Les vaccins contre la pneumonie, tels que le vaccin antipneumococcique et le vaccin contre l’Haemophilus influenzae type B (Hib), n'offrent pas de protection contre le COVID-19.
Comme le virus n'est apparu que très récemment et qu'il est différent génétiquement, il nécessite son propre vaccin. Comme indiqué ci-dessus, de nombreux essais sont actuellement en cours en vue d'identifier un vaccin qui traitera le 2019-nCoV.
“Il convient toutefois de souligner que la vaccination contre d'autres maladies respiratoires est fortement conseillée pour protéger votre santé", indique le Dr Atkinson.
COVID-19 et consommation d’eau
Boire beaucoup d'eau m'empêchera de prendre du COVID-19.
Bien que la consommation d'eau soit bonne pour notre santé, elle n'offre aucune protection contre le coronavirus.
COVID-19 et solution hydroalcoolique
Tous les désinfectants pour les mains peuvent me protéger contre le coronavirus.
Seuls les désinfectants pour les mains contenant au moins 60% d'alcool offrent une véritable protection contre le COVID-19.
COVID-19 et aliments froids
Éviter les glaces et autres aliments froids peut prévenir l'apparition du COVID-19
Rien ne prouve qu'en évitant les glaces ou autres aliments froids, vous éviterez d'attraper le coronavirus.