La plupart d’entre nous a déjà entendu parler de l’arthrose, et des rhumatismes en général. C’est souvent une maladie que l’on associe aux personnes d’un certain âge, parfois à tort.
Mais que connaissez-vous vraiment des maladie rhumatismales ? Savez-vous par exemple qu’il existe différents types de rhumatismes dont certains sont inflammatoires et chroniques ?
L’arthrose est la forme de rhumatisme la plus courante. Elle apparaît suite à une usure excessive des os. C’est pourquoi c’est une maladie souvent associée à l’âge. En effet, environ 8 cas d’arthrose sur 10 concernent des personnes âgées de plus de 60 ans.
La polyarthrite rhumatoïde est, elle, moins fréquente et probablement moins connue. Même si elle concerne majoritairement des femmes, avec un diagnostic souvent posé après 45 ans, ce type d’arthrite peut se développer à n’importe quel âge. Même si avant 16 ans, on parlera plutôt d’Arthrite Juvénile Idiopathique.
En prévision de la Journée mondiale de l’Arthrite le jeudi 12 octobre prochain, nous avons souhaité nous pencher un peu plus sur la polyarthrite rhumatoïde. Nous avons donc pris contact avec l’Association Nationale de Défense contre l’Arthrite Rhumatoïde (ANDAR). Madame Sonia Tropé, Directrice de l'ANDAR, a gentiment accepté de répondre à nos questions.
Qu’est-ce que la polyarthrite rhumatoïde: ?
La polyarthrite est une des formes courantes de rhumatisme inflammatoire chronique. Un petit rappel ; le terme rhumatisme permet de regrouper un ensemble d’affections très diverses touchant les os et les articulations.
La polyarthrite rhumatoïde appartient à cette catégorie et peut être définie comme une maladie inflammatoire des articulations. Elle ne doit pas être confondue avec l’arthrose. Cette dernière étant la conséquence d’une usure des articulations.
Plus précisément, Mme Tropé nous indique que la polyarthrite est “une maladie auto-inflammatoire, auto-immune qui touche plusieurs articulations. ‘Poly’ signifie plusieurs, ‘arthr’ vient du grec « arthron » signifiant ‘articulation’ et ‘ite’ fait référence au phénomène inflammatoire.”
“La polyarthrite est un dérèglement du système immunitaire. Ce dernier est là pour vous protéger”, mais dans le cas de la polyarthrite rhumatoïde, le système immunitaire “se perturbe et identifie l’articulation comme un corps étranger et oeuvre à la détruire... L’inflammation, au lieu d’être dirigée sur l’agent extérieur, se dirige contre l’une des composantes de l’articulation, la membrane synoviale. »
La polyarthrite rhumatoïde: une maladie invisible et insidieuse
L’une des particularités de la polyarthrite rhumatoïde, c’est qu’elle peut être difficile à diagnostiquer. Or, un diagnostic précoce est essentiel pour traiter efficacement les symptômes, mais aussi stopper la progression de la maladie avant qu’il ne soit trop tard.
Pourtant, comme Mme Tropé nous l’explique, l’une des difficultés rencontrée est de diagnostiquer la maladie suffisamment tôt.
“La maladie fonctionne par poussée. Donc vous pouvez avoir une poussée intense, qui sera suivie ensuite d’une accalmie. Les patients auront très mal et se diront qu’ils doivent consulter et finalement les symptômes s’apaisent. Et ils se disent que ça va passer. Et puis les symptômes recommencent.”
Néanmoins, on constate aussi depuis plusieurs années que la prise de conscience concernant un diagnostic précoce s’améliore et que “les médecins généralistes font un travail qui est plus efficient. Ils arrivent à ‘débrouiller’ les symptômes décrits pour ensuite en référer au rhumatologue. Ce dernier sera à même de poser un diagnostic et de mettre en place un traitement précoce.”
Quels sont les symptômes de la polyarthrite rhumatoïde?
Il n’existe pas de “description unique des symptômes de la polyarthrite”, c’est l’une des particularités de cette maladie.
Mme Tropé nous précise les premiers signes les plus fréquents de la maladie. “De manière un peu schématique, le premier symptôme se traduit par une douleur matinale intense sur une ou plusieurs articulations, avec une articulation qui est gonflée, chaude et surtout très douloureuse parfois bloquée. Il n’est pas rare d’avoir des témoignages de personnes déclarant qu’un matin, elles n’ont pas pu se lever.”
“Il y a aussi des gens qui commencent par ressentir une douleur, souvent au niveau des mains, des poignets. La polyarthrite évolue de façon symétrique. C’est-à-dire que si un poignet est atteint, l’autre poignet pourra l’être également. Mais, vous pouvez avoir une évolution lente et insidieuse de la douleur et de la gêne occasionnée.”
Que signifie vivre avec une polyarthrite rhumatoïde ?
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie chronique, qui aura des conséquences sur la vie de tous les jours.
Mme Tropé nous indique que pour “une personne qui n’est pas prise en charge correctement, qui n’est pas sous traitement et dont la maladie n’est pas cadrée, l’impact sera majeur. Un impact qui va se diffuser sur l’ensemble des domaines de la vie. Cela va toucher sa santé physique, mais pas seulement…
La maladie aura aussi un impact sur ses émotions, son travail, sa vie intime, familiale et sociale et même sur sa vie sexuelle. L’impact sera global. C’est donc une maladie qui touche à l’autonomie et à la notion de dépendance, puisqu’elle concerne les articulations. Une articulation détruite, c’est une articulation que l’on utilise plus du tout, ou plus de la même façon. On est diminué. Et au delà de ça, il y a la douleur qui a des conséquences majeures, ainsi que la fatigue.”
Quels sont les traitements médicaux pour la polyarthrite rhumatoïde ?
Lorsqu’on parle de traitement pour la polyarthrite rhumatoïde, il faut distinguer les traitements anti-douleurs des traitements de fonds.
“D’après les recommandations actuelles, le traitement de référence de la polyarthrite rhumatoïde est le méthotrexate. Son mécanisme d’action repose sur une réduction de l’activité du système immunitaire et des réactions inflammatoires.
Il est à la base utilisé en oncologie, mais qui est aussi utilisé pour les rhumatismes, à des dosages bien moindres. Quand ce traitement ou un équivalent, ne fonctionne pas, ou pas suffisamment, on peut prescrire un biomédicament. Ce dernier peut être pris en association avec le méthotrexate. ”
“Tant le méthotrexate, que les anti-JAK, ou les biomédicaments, sont des traitements de fonds. L’objectif est de casser et de bloquer la maladie. En parallèle, toute une gamme d’anti-douleurs existent, qui peuvent aller de la cortisone à l’anti-inflammatoire, en passant par l’antalgique. Mais ces médicaments sont donnés en parallèle du traitement de fond”.
Peut-on guérir de la polyarthrite rhumatoïde ?
Malheureusement, il n’existe pas de traitement permettant de soigner définitivement la polyarthrite rhumatoïde. Même si Mme Tropé nous précise que “la recherche, bien sûr, se penche sur cet objectif ambitieux”.
Pour l’instant, des recherches récentes sont encourageantes “pour déterminer quel type de traitement sera le plus efficace pour le patient. De manière plus réaliste, à court terme, l’innovation pourrait venir de là; prédire par les bio-marqueurs quel traitement sera potentiellement plus efficace.”
A l’heure actuelle, les anti-JAK sont l’une des dernières avancées en terme de traitement médical pour la polyarthrite rhumatoïde. “Ce ne sont pas des biomédicaments mais des traitements chimiques, comme le méthotrexate. Mais la différence est qu’ils sont ciblés. C’est une petite révolution car, jusqu’à maintenant, les traitements ciblés étaient les biomédicaments qui se prennent soit en perfusion, soit en auto-injection”. Les anti-JAK, eux, sont sous forme de comprimés.
“Depuis deux ans, on constate aussi l’arrivée des biosimilaires. Ce sont les biomédicaments les plus anciens, dont le brevet tombe dans le domaine public et qui sont maintenant repris par d’autres laboratoires. Attention, ce ne sont pas des génériques. le médicament est issu du vivant, donc ce n’est pas la même problématique. C’est un sujet sur lequel l’ANDAR s’est beaucoup mobilisée, afin de transmettre une information loyale au patient lorsqu’il commence à suivre un traitement biosimilaire”.
L’importance d’un diagnostic précoce de la maladie
Mme Tropé insiste sur le fait qu’un diagnostic précoce est “absolument indispensable”, notamment dans le but de prescrire un traitement médical adapté et pour tenter de contrôler “l’activité de la maladie”.
Il ne sera pas possible de stopper l’avancée de la maladie pour l’ensemble des patients, mais il ne faut pas oublier que plus une personne attendra, plus le risque de dommages irrémédiables est important.
En effet, “il a été démontré que le temps que l’on perd, au début de la maladie, avec un retard de diagnostic; on ne le rattrape jamais. Les dégâts provoqués par la maladie sont irréversibles.”
Peut-on prévenir l’intensité des symptômes autrement que par le suivi d’un traitement médical ?
Étant une maladie auto-immune, on ne sait pas encore prévenir l’apparition de la polyarthrite rhumatoïde. Des facteurs tels qu’une alimentation équilibrée ou une pratique sportive régulière ne permettent pas de diminuer le risque de développer un jour cette maladie inflammatoire.
Néanmoins, une fois que la maladie est présente, certaines habitudes peuvent aggraver ou améliorer les symptômes.
Comme pour de nombreuses autres maladies, le fait de fumer a un impact néfaste. “Il a déjà été démontré que lorsqu’on a un terrain qui est favorable à développer une polyarthrite rhumatoïde, le fait de fumer peut avoir un impact réel. A la fois sur le déclenchement de la maladie, l’activité de cette dernière une fois qu’elle est déclenchée, mais aussi sur l’efficacité du traitement. A chaque étape de la maladie, la prise de tabac a des conséquences.”
A contrario, rester physiquement actif est primordial. En effet, Mme Tropé nous explique que “Il a été démontré que le maintien de l’activité physique a un impact sur l’inflammation, ainsi que sur la fatigue.”
“On a dépassé depuis pas mal d’années les idées reçues et les vieilles habitudes”, selon lesquelles avoir une polyarthrite rhumatoïde serait synonyme de sédentarité. Mais c’est un réflexe « naturel » de vouloir épargner ses articulations en les mettant au repos… pourtant l’effet est délétère car il provoque un enraidissement difficile à combattre ensuite !
Quelle est l’action de l’association ANDAR ?
L'ANDAR existe depuis 1984.
Comme Sonia Tropé nous l’explique, c’est “une pure association de malades. L’ensemble de son Conseil d’Administration est composé de patients avec une voix consultative pour un représentant des rhumatologues. Elle a toujours eu pour objectif de servir de trait d’union entre les professionnels de santé et les patients”.
“On a de nombreuses équipes régionales, qui sont dans une démarche de soutien et d’information. L’ANDAR a aussi tout un groupe de patients experts, formés à l’éducation thérapeutique.”
L’Association Nationale de Défense contre l’Arthrite Rhumatoïde est particulièrement active, notamment sur internet. En plus d’un site internet très complet, elle a notamment publié le premier MOOC (formation en ligne) sur la polyarthrite rhumatoïde et qui s’adresse directement aux patients mais qui est aussi ouvert aux proches et aux professionnels de santé. Prochaine session le 12 octobre ! http://mooc-pr-andar.drspoc.com
En outre, ANDAR organisera le 9ème Polyar’trottons de Paris ce 24 septembre, au Parc de Bercy. Le but est de venir se dépenser, courir ou marcher pour la recherche contre la Polyarthrite Rhumatoïde. Vous trouverez toutes les informations relatives à l’évènement en cliquant ici.
Si vous ou un proche avez la moindre question concernant la polyarthrite rhumatoïde, nous vous invitons à consulter le site internet de l’Association ANDAR ou à les contacter au 0 800 001 159.