Avant que l'interdiction de fumer dans l’ensemble des lieux publics deviennent une réalité en France (2008), il était difficile pour de nombreuses personnes d’imaginer un bar sans fumée de cigarette.

Presque dix années plus tard, cette interdiction a été intégrée par l’ensemble de la société et il serait probablement imaginable de revenir en arrière.

Aujourd’hui, la question du tabac est toujours débattue et les institutions publiques continuent à restreindre la consommation de tabac. Le prix du paquet de cigarette ne cesse d’augmenter et devrait atteindre 10 euros d’ici les prochaines années.

A l’heure actuelle, on estime à 16 millions le nombre de fumeurs en France. Plus précisément, selon le Baromètre Santé-Tabac (Santé Publique France), 34,5% des 15-75 ans fumaient du tabac en 2016, dont 28,7% quotidiennement. Ces chiffres n’évoluent plus depuis 2010.  

Dans le cas de la France, les interdictions de fumer dans les lieux publics et l’augmentation du prix du tabac ne semblent pas avoir eu d’effet automatique concernant la baisse de la consommation.

Mais qu’en est-il de nos voisins européens ? Peut-on imaginer que dans vingt ans, les fumeurs seront marginaux, voir inexistants?

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Le programme national de réduction du tabagisme 2014-2019

La lutte contre le tabac est un sujet récurrent. La première des explications est médicale puisqu’on estime que 80 000 français meurent chaque année du tabac. C’est-à-dire 200 décès par jour. En fait, le tabac constitue la première cause de décès en France.

En 2014, plusieurs mesures préventives ont été adoptées, parmi les suivantes:

  • Le triplement du remboursement des substituts nicotiniques tels que les patchs
  • Le pictogramme « femme enceinte » sur le paquet de cigarettes
  • L’interdiction de fumer dans les lieux publics et dans les aires de jeux pour enfants
  • L’interdiction des arômes et additifs (par exemple les capsules mentholées), particulièrement attractifs pour les jeunes
  • Le paquet de cigarettes neutre
  • La création d’un fonds de prévention du tabagisme (32 millions d’euros en 2014)

A ces mesures, il faut ajouter la volonté du nouveau gouvernement d’augmenter le prix du paquet de cigarettes progressivement, jusqu’à 10 euros.

Plus précisément, le but de l’actuel Ministre de la Santé est que “la génération qui naît aujourd’hui soit la première génération sans tabac”.

Quelles est la finalité de ces mesures préventives ?

Pour faire diminuer le nombre de fumeurs, il est nécessaire d’adopter des mesures multiples, telles que les suivantes:

  • Augmentation du prix du paquet de cigarettes. On l’a peut être oublié, mais dans les années 1990, un paquet de cigarette pouvait coûter 13 francs, soit 1,98€. Pour rappel, un fumeur débourse actuellement environ 6,50€! L’augmentation est donc impressionnante. L’idée derrière cette augmentation est qu’il est nécessaire d’augmenter de manière significative le prix du paquet pour que son achat soit dissuasif. En outre, cet argent servirait à financer les actions de lutte contre la consommation de tabac
  • Aides pour arrêter de fumer. Il n’est pas nécessaire d’expliquer la difficulté que beaucoup de fumeurs éprouve lorsqu’ils souhaitent arrêter de fumer. D’ailleurs, plusieurs tentatives seront généralement nécessaires avant d’arrêter définitivement la cigarette. Depuis le 1er novembre 2016, l’Assurance Maladie rembourse à hauteur de 150€ les substituts nicotiniques sur ordonnance
  • Paquets neutres de cigarettes.  Par paquet neutre, il faut comprendre un packaging dépourvu de tout élément marketing. Il sera généralement de couleur blanche ou noire, et se composera uniquement du nom de la marque et de photos illustrant les ravages de la cigarette sur la santé. Le paquet neutre est arrivé le 01 janvier 2017 en France. Selon plusieurs études réalisées sur le sujet, ces paquets permettraient de diminuer la consommation de tabac. Mais il est encore trop tôt pour dire si cela fonctionnent chez les fumeurs français

Quels seraient les bénéfices d’une société sans tabac ?

Nous avons tous connaissance des dangers de la cigarette sur la santé et qu’il essentiel d’arrêter de fumer ou de ne jamais commencer. Une société sans fumeurs aiderait à réduire le risque d’addiction chez les futures générations et à contribuer à améliorer la santé publique:

  • La réduction du nombre de décès évitables

Comme nous l’avons déjà indiqué ci-dessus, la France compte actuellement 16 millions de fumeurs et le tabac causerait 80 000 décès par année. Si la consommation de tabac devient exceptionnelle, automatiquement le nombre de décès diminuera.

  • La diminution du nombre de fumeurs développant une maladie chronique liée au tabac

Les effets du tabac ont pour conséquence d’augmenter le risque de souffrir d’une maladie chronique telle que la BPCO. Cette dernière, lorsqu’elle est grave, peut avoir un réel impact sur la santé et sur la qualité de vie. Une société sans tabac permettraient de réduire le nombre de malades vivant avec une maladie chronique directement causée par la consommation de tabac.

  • Les bénéfices économiques

Le tabac rapporte, mais aussi coûte à l’Etat. Dans un rapport en date de 2013, la Cour des comptes donne pour estimation basse un coût de 12 milliards d’euros pour l’Etat de la consommation de tabac en France. Et le rapport précise que ce coût ne prend pas en compte pas les effets indirects et à long terme du tabac.

Quelle est la situation chez nos voisins européens ?

Nous avons déjà écrit un article à propos des interdictions relatives au tabac dans le reste de l’Europe. De plus en plus de pays reconnaissent les bénéfices d’une société sans tabac. De nombreuses politiques publiques sont donc mises en place afin de réduire la prévalence au tabac.

Vous trouverez ci-dessous quelques exemples de politiques publiques contre la consommation du tabac dans d’autres pays européens:

La Finlande: 

Le gouvernement finlandais a pour but de réduire drastiquement la consommation de tabac. L’objectif chiffré est qu’en 2040, seuls 2% de la population finlandaise soit fumeuse.

Pour atteindre cet objectif, le Ministère des Affaires Sociales et de la Santé finlandais a mis au point le plan Roadmap to a Tobacco-free Finland (Le Plan d’Action pour une Finlande sans tabac). Ce pays a déjà fait des progrès en introduisant des taxes élevées aux entreprises souhaitant vendre des produits à base de tabac. En outre, les interdictions au tabac ont été étendues à certaines zones résidentielles privées, aux voitures privées, aux terrains de jeu, aux plages et aux parcs d’attraction, et a renforcé les programmes pour aider les fumeurs à arrêter de fumer.

Les Pays-Bas:

La ville de Groningen, par l’intermédiaire de ses hôpitaux, écoles, mouvements associatifs, a pour but de rendre la ville non fumeuse. Le Dr Van den Graaf, un addictologue résidant dans cette ville, considère que mettre en place un front uni favorisera une transition plus simple vers une société sans tabac.

Le Royaume-Uni:

Le mois dernier, le gouvernement britannique a adopté un Plan de contrôle du Tabac (Tobacco Control Plan) qui officialise la volonté de réduire la prévalence du tabac en Angleterre.

Le but ultime est d’avoir une génération non fumeuse, c’est-à-dire que moins de 5% de la population serait fumeuse. Le document ne donne pas de date officielle mais fixe plusieurs objectifs pour les cinq prochaines années.